En tant qu’entreprise qui fournit des services de traduction, nous sommes confrontés à la question que pose la possible automatisation de notre travail. Tout le monde connait Google translate, l’une des plateformes qui offre des services gratuits de traduction automatique en ligne. Bien que les traductions faites par Google s’avèrent souvent risibles, et qu’il soit encore impensable de comparer la qualité du travail d’un traducteur professionnel à celle de cette plateforme, il faut reconnaître que des progrès ont été faits, et qu’on arrive à présent à traduire des messages simples d’une façon satisfaisante (en supposant que le but recherché soit de comprendre le message et non pas d’obtenir un texte exploitable).
Lorsqu’on me demande si je serai un jour remplacée par un robot, je réponds que je ne l’espère pas. Le langage étant propre à l’humain et contribuant grandement à nous définir, je suppose que le jour où un robot traduira comme un humain, et donc utilisera le langage comme un humain, et donc pensera comme un humain, la plus grande partie de nos métiers actuels cesseront d’exister. D’autres métiers surgiront sans doute. Incluront-ils les outsiders dont parle Bernard Gainnier ici ? Il semble nécessaire que le développement technologique en vue de l’automatisation, s’accompagne d’une véritable réflexion éthique sur l’avenir du travail dans nos sociétés. Et cette réflexion peut être menée par chaque entreprise.
Par exemple, nous avons fait le choix de limiter l’usage des logiciels d’aide à la traduction – qui détectent les répétitions dans un texte et proposent de façon automatique la traduction faite lors de la première occurrence du paragraphe répété. Il est vrai que dans un certain nombre de cas, notices techniques ou textes juridiques, par ex., la répétition a une importance et devrait être répercutée dans la traduction. Dans les autres cas, pourquoi se répéter ? Le langage est créatif et sa richesse nous offre la possibilité de dire la même chose de différentes façons. En bornant une idée à une seule expression de cette idée, nous agissons justement comme des machines et ouvrons la porte à l’automatisation de notre métier.
Ana LENIS