Portrait : Michelle Padellec, fondatrice d’Abadenn Multilingue

 

“L’oral, c’est la première expression de l’enfant. Le premier moyen de communication de l’humain.”

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a mené à l’interprétation ?

Un désir de communication – la volonté de favoriser la compréhension entre les personnes.

L’amour – des langues – m’a conduit en faculté de langues. L’amour – d’un homme – m’a conduit au Venezuela où j’ai travaillé en tant que prof de FLE (Français Langue étrangère) à l’Alliance française à Caracas et à l’IVIC, institut de recherche scientifique pour les PhD. C’est là aussi que j’ai eu envie d’être interprète de conférence.

En effet, dans cet institut se tenaient souvent des conférences internationales et il y avait un fort besoin en interprétation. Avec un autre professeur de langues, nous avons fait venir des interprètes pour nous former, puis nous avons formé nous aussi des interprètes de conférence et des traducteurs.

Je suis rentrée en France en août 1990, j’ai été professeur de FLE, j’ai monté une association franco-vénézuélienne « amitiés franco-vénézuéliennes » pour promouvoir les échanges culturels entre la France et le Venezuela, puis j’ai bien entendu continué à travailler en tant qu’interprète de conférence et traductrice freelance. Entre 1994 et 2000 j’ai été salariée dans 2 agences de traduction / interprétation en tant que responsable d’interprétation et interprète.

Comment est née Abadenn Multilingue ? Quelles sont les spécificités de l’agence ?

J’ai décidé de créer Abadenn Multilingue en 2000. Un de mes clients m’a dit « tu devrais monter ta boîte » et j’ai conservé cette idée en tête, puis j’ai fait le grand saut.

Nous sommes proches de nos clients et de nos traducteurs/interprètes. Le contact et l’écoute sont des critères essentiels au bon fonctionnement de l’agence car nous donnons une grande importance à l’humain. L’authenticité et la loyauté sont des valeurs centrales, soutenues par une réactivité, une énergie et un enthousiasme liés à notre connaissance du métier, ce qui nous positionne comme un partenaire fiable pour nos clients.

Dans un milieu aussi concurrentiel, quelle est, selon vous, la meilleure façon de se démarquer ?

Il faut une réelle connaissance du métier. C’est notre cas puisqu’Ana et moi sommes toutes les deux interprètes de conférence et traductrices. En connaître les difficultés nous permet de proposer au client exactement ce qu’il faut, et de ne pas se tromper pour ainsi favoriser le succès de l’initiative du client. Ceci nous rend plus proches du client qui perçoit que nous faisons le maximum pour le bon déroulement de leur événement. De même nos traducteurs et interprètes apprécient le fait que nous valorisions leur travail cela devient malheureusement de plus en plus rare – et par conséquent ils fournissent du bon travail…

Il y a tellement de gens qui sont convaincus qu’il suffit de « parler plusieurs langues », ou alors qu’un logiciel peut faire l’affaire. Penser cela équivaut pour moi à mépriser les immenses richesses du langage. 

Qu’est-ce qui différencie une bonne traduction d’une mauvaise ?

Il y a bien entendu du basique : orthographe, grammaire, typo, etc.

En plus de la fidélité au texte source, une fluidité rédactionnelle qui fait qu’on oublie qu’il s’agit d’une traduction. Pour l’interprétation, le principe marche aussi : il faut que l’auditeur nous oublie…

Pouvez-vous nous parler d’une mission dont vous êtes fière ?

Récemment j’ai monté une équipe de 5 cabines, soit 6 langues (Français, Anglais, Espagnol, Italien, Allemand et Polonais) avec 10 interprètes, car pour une journée de 7h, nous sommes au minimum 2 interprètes par cabine.

Il faut dans ce cas gérer les interprètes et les techniciens, d’autant qu’il n’y avait pas que l’interprétation des orateurs sur place à assurer mais aussi plusieurs orateurs qui intervenaient par vidéoconférence. Il faut alors s’assurer de la bonne transmission de cette vidéo-conférence. Veiller à la bonne installation des cabines, à ce que tout le monde prépare la réunion avec les documents que nous sollicitons au client. Il faut aussi maintenir une bonne ambiance car c’est l’une des clés pour que tout se passe bien. Si l’équipe se sent à l’aise, si tout le monde est investi, la réunion est un succès.

Quel est votre rapport à l’oralité, à l’interprétation ?

Je suis interprète de la chanson et interprète de conférences. Ma famille a des origines très diverses dont celte, de grande traduction orale. Peut-être que mon amour de l’expression orale vient, entre autres, de cette culture si vivante ?

Puis, l’oral, c’est aussi la première expression de l’enfant. Le premier moyen de communication de l’humain. L’expression orale est très différente de l’expression écrite.

Dans l’interprétation il faut être efficace, se faire comprendre immédiatement.

C’est sa spécificité, c’est aussi sa « dangerosité »… et ce qui la rend intéressante à mes yeux.